Renforcer la résilience face aux tarifs douaniers

Par Rachel Personius, directrice chez Currie & Brown

Notre dernier rapport sur les prévisions des coûts mondiaux souligne que la résilience est essentielle dans le paysage de la construction actuel.

Nous vivons dans un monde d'incertitude constante et de changements accélérés. Le rapport exhorte les organisations à renforcer la résilience de leurs projets de construction, en se préparant aux risques connus comme l'inflation des prix des matériaux et les pénuries de main-d'œuvre, mais aussi aux inévitables chocs imprévus.

Les tarifs douaniers proposés par les États-Unis en sont un parfait exemple. Nous ignorons si et quand les tarifs annoncés par le président Trump seront pleinement appliqués. Mais nous reconnaissons l'importance capitale d'une certaine certitude quant aux conséquences potentielles. À quoi le secteur de la construction peut-il s'attendre si ces tarifs sont imposés ?

L'impact sur les États-Unis

Aux États-Unis, sans surprise, les prix augmenteront. Si l'on se base sur ce que nous avons observé en 2018, lorsque des droits de douane de 25 % ont été appliqués à l'acier, les prix de l'acier brut augmenteront initialement, puis se stabiliseront. En 2018, cela avait pris environ 15 mois, le temps que la production nationale s'accélère. On peut s'attendre à une tendance similaire cette fois-ci, car les trois principaux fournisseurs d'acier américains (Canada, Mexique et Brésil) perdront leurs exemptions et leurs quotas en franchise de droits. Les prix de l'acier et de l'aluminium augmenteront probablement de 20 à 30 % au cours des six prochains mois, pour atteindre un plateau au troisième trimestre. Ils se stabiliseront ensuite probablement 15 à 20 % au-dessus de leur niveau de référence jusqu'à la fin de l'année 2025, avant de revenir à leurs niveaux actuels mi-2026. Tout cela suppose que la production nationale se redresse pour répondre à la demande.

Cependant, une hausse de 20 % des prix de l'acier brut ne signifie pas une augmentation de 20 % des coûts des projets. D'autres facteurs, comme le transport et la main-d'œuvre, contribuent significativement au prix global. En 2018, une hausse de 25 % des prix de l'acier brut s'est traduite par une hausse d'environ 10 % des indices de l'acier de construction fabriqué et installé. Le marché de la construction a intégré des risques et des incertitudes supplémentaires, ce qui a entraîné des hausses de l'acier de construction installé allant jusqu'à 16 % entre 2018 et 2019.

Bien que les marchés n'aient pas encore pleinement intégré l'impact potentiel des tarifs douaniers, nous constatons déjà que les prix de certains matériaux, comme l'acier et le cuivre, commencent à augmenter (+6 % et +7,5 % respectivement) au cours des 2 à 3 dernières semaines.

Si les tarifs sont imposés, l'impact se fera sentir dans tous les secteurs, mais certains seront plus durement touchés que d'autres. La construction résidentielle, fortement dépendante du bois d'œuvre, pourrait être particulièrement vulnérable si les tarifs s'étendent aux importations de bois d'œuvre canadien. Si certains projets, comme les centres de données, pourraient se poursuivre malgré tout, d'autres, aux budgets plus serrés, comme l'hôtellerie ou l'immobilier commercial, pourraient être suspendus.

Les entreprises américaines ayant des projets de construction en cours doivent agir sans tarder. Les budgets sans plan d'urgence intégré sont menacés. Envisagez d'acheter des produits en acier et en aluminium dès maintenant, avant que les prix ne grimpent. Pour les projets en cours, la stabilisation des coûts de main-d'œuvre et la stabilité de l'emploi pourraient contribuer à compenser la hausse des coûts des matériaux. Si les résultats sont incertains, il est essentiel d'être proactif pour atténuer l'impact de ces droits de douane et d'autres défis imprévus.

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